Je rencontrai l’association FREE pour la première fois cette année à ONG Fest. Lors leur stand, dizaines de personnesont accepté de parrainer leurs messages de promotion comme „Real men don’t buy girls” et „Mon corps est pas une marchandise”.
Aujourd’hui, je parlais avec le président de l’association, Laetitia Gotte – Dragan, sur les droits de l’homme.
1. Pour commencer, pouvez-vous nous en dire plus sur l’association FREE ?
L’association FREE est née il y a près de deux ans après avoir constaté le nombre d’enfants et jeunes filles des orphelinats qui se retrouvaient dans les mains de réseaux mafieux et exploitées sexuellement.
Notre vision est de voir l’exploitation sexuelle en Roumanie se réduire.
Notre Mission:
– Chercher les femmes, enfants, esclaves de l’industrie du sexe
– Apporter une aide à celles qui veulent changer de vie, en leur offrant des alternatives
– Aider à la restauration complète de ces personnes: physique, psychologique, spirituelle
– Lutter contre la traite des êtres humains par des projets de prévention
Nos Projets:
– Sorties dans les rues à la rencontre des femmes et enfants prostitués 2 à 3 fois par semaine.
– Aide à la réinsertion sociale
– Action de sensibilisation au problème de la traite humaine (métros, écoles, media…)
– Actions de prévention auprès des publics à risques
2. L’un des projets que nous rencontrons maintenant est la campagne ”You like it, she hates it”. Quel est le but de la campagne et quel est le message que vous souhaitez envoyer ?
Cette campagne qui a eut lieu à l’occasion du 18 octobre, la journée européenne contre la traite humaine s’adresse au coté de la« demande » de l’industrie du sexe, en particulier la prostitution infantile. La prostitution et la pornographie, comme tous marché à un coté « d’offre »et une « demande ». La demande constitue une majorité d’homme prêt à payer les services sexuels d’une mineure qui se prostitue. Non seulement cela est un délit, mais cela fait appel au « bon sens ». Une mineure sur le trottoir pourrait être une sœur, une fille, une nièce, une voisine de « l’acheteur ». A son âge, elle est vulnérable et peut facilement être manipulée et forcée à se prostituer. 90% des victimes du trafic humain identifié par l’ANITP dans l’industrie sexuelle avaient en 2013 moins de 25 ans. Beaucoup étaient mineure. C’est un appel aux hommes, potentiel « acheteurs », à prendre leur responsabilité de « protéger »et non « d’exploiter ».
Pour cette campagne nous nous sommes rendu dans le centre de Bucarest où 25 cafés ont distribué des dessous de verre avec ce message, mais aussi nous avons distribué notre flyer et discuter avec quelques centaines d’hommes, beaucoup qui étaient étrangers.
3. Comment pouvons-nous aider FREE ?
– donner un « Like » sur notre page et partager nos campagnes
– nous inviter à parler dans une école, orphelinats
– donner des vêtements de femmes et enfants;
– virer les 2% des impôts pour FREE
– soutenir financièrement nos projets : IBAN : RO54BRDE410SV87849694100, SWIFT CODE : BRDEROBU
– aider bénévolement
4. La stratégie de l’Union Européenne (2010-2015) pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans le „Dignité, intégrité et fin à la violence fondée sur le sexe” fixé pour objectif «l’adoption d’ une stratégie de l’UE pour combattre la violence contre les femmes(… ); cette action serra soutenue par une campagne européenne de sensibilisation sur la violence familiale”. A environ cinq ans de la mise en place de cette stratégie estiment-vous que les autorités avaient pris des mesures suffisantes? Que pensez-vous qu’ils pourraient faire de plus?
Il ne peut pas y avoir d’égalité entre la femme et l’homme tant que le corps des femmes continue à être vu comme un objet pour la gratification de certains (qui ont plus de pouvoir ; plus d’argent…). L’industrie pornographique, les videochats (en pleine explosion), les salons de massage érotiques objectifient le corps des femmes de façon « légale » dans un pays où la prostitution est illégale! Je pense que la législation qui réglemente ces 3 industries aurait fortement besoin d’être revue! Et je pense que des mesures doivent être prisent afin de limiter le contenu pornographique (parfois même infantile !) des sites internet qui ne sont pas destinés à cet objet mais qui apparaissent néanmoins.
5. Et enfin, si „Real men don’t buy girls ” pourrais-nous disons que “Real girls don’t … ” (pour ne pas encourager le traite des êtres humains) et pourquoi ?
Les hommes ont tendance à se justifier toujours avec des excuses de ce genre: elles le veulent; elles l’ont choisit; elles le cherchent, ect. au lieu de chercher à prendre leur responsabilités pour leur part.
Récemment j’ai entendu le propos d’un homme célèbre en Australie dont le père est accusé d’abus sexuels sur plusieurs jeunes garçons. Le fils a répondu « vous avez provoquez mon père à faire cela ». Un jeune enfant, une jeune fille peut elle être responsable de son abus ?
Le pense qu’au delà de la responsabilité des hommes il y a la responsabilité de la société entière qui promue une culture autour du sexe, sans limites, sans morales, une supersexualisation de la mode, des mass medias qui poussent à la fois les jeunes filles à chercher à attirer l’attention en s’habillant peu et d’autre part les hommes à voir en chaque femmes une potentielle « prostitutée ». La consommation de pornographie est très lié à la prostitution, aux abuse sexuels et à la traite humaine.
Mais il y a aussi la responsabilité des familles éparpillées à travers l’Europe, beaucoup d’enfants, d’ados livrés à eux même parce que les parents n’ont pas de temps pour eux, qu’ils doivent travailler et préparer leur « avenir ». Le besoin fondamental de chaque homme est de se sentir aimé ; s’il ne trouve pas cela dans sa famille il va tenter de chercher cet amour dans tous les mauvais endroits. La méthode « loverboy »très répandue en Roumanie se base sur ce besoin fondamental des jeunes filles. Souvent ces « loverboy » connaissent mieux le psychologie des enfants que leurs propres parents!